« Je sais, bien sûr, que ce que recherchent les pêcheurs en ville, ce ne sont pas les poissons, quand ils vont acheter un permis de pêche au parc, c’est la tranquillité et l’oisiveté qu’ils pêchent, ils en profitent pour s’échapper de chez eux, échapper à leur femme et à leurs enfants, et, bien tranquillement, ils se consacrent à leur distraction, je sais aussi bien sûr que la pêche est considérée aujourd’hui comme un sport, que des concours sont organisés, une large place leur est consacrée dans les journaux du soir, on publie les résultats de toutes sortes de compétitions par équipes, les emplacements de pêche sont fixés à l’avance et, lorsque l’on se rend dans ces endroits après la compétition, il n’y a plus l’ombre d’un poisson (…) » La vue d’une banale canne à pêche, à la devanture d’un magasin, fait ressurgir dans l’esprit du narrateur les images de son enfance, de ses grands-parents et de sa passion pour la pêche. Le fil du souvenir s’enroule sur le moulinet de sa mémoire. Au bout de son hameçon, frétillent le rapport à la nature et le sentiment de l’exil. Passé et présent se télescopent dans ce texte empli de sensations et d’émotions.
Une canne à pêche pour mon grand-père
Av: Gao Xingjian,
Formgivare: Lisa Benk
Antal sidor: 40