Putois

« Ce qui nous rendait Putois présent et familier, ce qui nous ­intéressait à lui, c’est que son souvenir était associé à tous les objets qui nous ­entouraient. Les poupées de Zoé, mes cahiers d’écolier, dont il avait tant de fois embrouillé et barbouillé les pages, le mur du jardin au-dessus duquel nous avions vu luire, dans l’ombre, ses yeux rouges, le pot de faïence bleue qu’une nuit d’hiver il avait fendu, à moins que ce ne fût la gelée ; les arbres, les rues, les bancs, tout nous rappelait Putois, notre Putois, le Putois des enfants, être local et mythique. » Comment parler de ceux que l’on n’a pas connus ? Au cours d’une conversation anodine, la famille Bergeret évoque avec excitation la figure de Putois, leur ancien jardinier. Les souvenirs affluent concernant son apparence physique, ses habitudes, son caractère. Et pourtant… Qui était Putois ? Quelqu’un l’a-t-il vraiment croisé ? Cette nouvelle, malicieuse et inventive, explore l’infinie fertilité des légendes familiales.