« Si un médecin de renom, votre mari qui plus est, assure à vos amis et à vos proches que vous n’avez rien de sérieux, juste une simple dépression nerveuse passagère – une légère tendance hystérique – que peut-on y faire ? Mon frère aussi est médecin, renommé lui aussi, et il dit la même chose. Alors j’ai droit à des phosphates ou des phosphites – je ne sais plus, des fortifiants, des voyages, de l’air pur, de l’exercice, et j’ai interdiction absolue de « travailler » jusqu’à ce que j’aille mieux. Personnellement, je n’approuve pas leurs idées. »
« Le Papier peint jaune », également connue sous le titre de « La Séquestrée », est une célèbre nouvelle de Charlotte Perkins Gilman, publiée en 1892 dans le « New England Magazine ». Après la naissance de son enfant, une femme est mise au repos par ses proches, sous prétexte de la protéger. Mais la chambre où elle doit retrouver la santé l’enferme plus sûrement qu’une cellule. Le motif indéchiffrable du papier peint l’obsède. Peu à peu, sa contemplation obsessionnelle la conduit à la folie. Métaphore terrible de la condition féminine, la nouvelle raconte l’anéantissement d’une femme par un mari qui prétend agir « pour son bien » et la détruit.
Nouvelle traduction de Clotilde Meyer.