Dolly

« Et ce fut à un moment pareil, par une journée maussade sous un ciel plombé, qu’une femme se présenta à ma porte avec une cargaison de produits de beauté. À tout autre moment je n’aurais pas été contente de la voir, mais là, au contraire. Elle s’appelait Gwen et me dit qu’elle ne m’avait pas rendu visite plus tôt parce qu’on lui avait rapporté que je n’étais pas du genre à m’intéresser à ce qu’elle vendait. « Je ne vois pas trop ce que ça signifie, poursuivit-elle. Mais je me suis dit : De toute façon, je n’aurai qu’à la laisser parler et elle n’aura qu’à dire non. » Je lui demandai si elle voulait une tasse du café que je venais de faire et elle accepta volontiers. » Franklin et la narratrice forment un couple âgé, que plus rien ne semble devoir séparer, sinon de brèves disputes et la perspective de la mort. Mais lorsque Gwen entre par accident dans leur vie, la jalousie se réveille, et la peur de perdre l’autre renaît. Dans cette nouvelle amère et douce, Alice Munro excelle à dépeindre l’amour blessé, qui ne connaît pas d’âge.