Les enfants de Coney Island

« Là encore, les premiers jours en tout cas, j’ai pensé que ­quelqu’un allait s’apercevoir de quelque chose – que peut-être le patron de mon papa viendrait dîner et me reconnaîtrait, par exemple, ou un homme politique, ou une vieille dame qui ­enlèverait ses lunettes et me demanderait mon âge avec  inquiétude. Mais encore une fois, ce n’est pas arrivé, et au bout d’un moment j’ai constaté que j’avais davantage redouté ce moment que je ne l’avais espéré. Si quelqu’un m’avait reconnu alors, qu’est-ce qui m’attendait ? Retour à la case départ. ­Retour à l’ennui mortel de l’impuissance, à la vie en tout petit, à tout ce qu’on ne choisit pas. Retour à l’enfance supervisée par des parents distraits. Adieu le pont de Brooklyn au petit matin. Adieu les raviolis de seize heures. Adieu la  musique seul dans ma chambre. Plutôt mourir, je pensais. »

C’est l’été dans le comté de Queens à New York. Dans un centre aéré, le soir venu, les parents sont de moins en moins nombreux à récupérer les enfants. Au bout de quelques jours, ceux d’entre eux qui n’ont pas été réclamés sont éloignés de la ville en camion, puis livrés à eux-mêmes. « Les Enfants de Coney Island » est une fable douce-amère sur l’enfance et le passage à l’âge adulte.